Autoréflexion

1. Le collectif
Quand partager l’incompréhensible est un désir, et que les mots ne suffisent plus, trois petits points seuls suffisent à proposer à l’autre d’imaginer le reste.
« Trois petits points », ou la compréhension en commun au-delà de l’explicite : du son, des images, un mouvement et des corps, un espace, des paroles et l’imagination, la rage et les autres, soi ; l’expression de nos libertés relatives.

Premier petit point : qu’est-ce que c’est ?
« Trois petits points » est un collectif de créateurs, qu’importe son langage. C’est un espace de rencontre et de réflexion, un pont multiple entre la vidéo, la musique, le théâtre et l’écriture. C’est un lieu de confrontation de pratiques créatives.

Deuxième petit point : comment ça se passe ?
Quelques idées et des valeurs nous réunissent, pour l’instant :
- Le désir d’une expression personnelle et sincère construit l’originalité, quand la volonté d’accessibilité s’appuie sur la vision d’un art nécessairement à partager. Notre association veut appréhender l’originalité et l’accessibilité dans le même temps.
- Plus qu’on objet fini à vendre, la création est avant tout une recherche, une pratique sans cesse à redéfinir et renouveler.
- S’exprimer et chercher ensemble au travers de plusieurs pratiques artistiques permet d’approfondir chaque démarche personnelle. De la confrontation naît l’exigence.
- Par la promotion de l’interaction entre les arts, « Trois petits points » n’entend pas non plus rendre cette ouverture exclusive : chaque domaine de création doit aussi pouvoir avancer seul.
- La pratique et la réflexion (qu’elle soit explicitée dans des textes ou induite par des démarches créatives) sont indissociables ; on ne peut penser l’une sans l’autre. Avant tout, l’art se fait. Mais réfléchir nos habitudes n’est pas un luxe, plutôt un enrichissement permanent.
- Ensemble et concrètement, nous voulons vivre (et vivons déjà) toutes ces idées.

Troisième petit point : et après ?
Après les trois petits points, c’est l’imprévisible, le sous-jacent invisible. Nous nous réservons le droit imprescriptible de changer, d’avis comme d’envie. Dès aujourd’hui, nous acceptons le surgissement potentiel de l’inattendu.

2. La musique
Plus que toute autre pratique, la musique représente les trois petits points qui dépassent la parole pour se rapprocher de ce que nous sommes.

La déclinaison musicale de « Trois petits points » se fait par :

Premier petit point : un collectif d’improvisation réunissant tous les musiciens qui partagent nos envies et désirent les vivre dans le jeu. Il est un réservoir musical et humain, grâce auquel nous pouvons alimenter tout projet nouveau.

Deuxième petit point : différentes formations cherchant à créer avec du non musical (texte, image, mise en scène). Les projets pluridisciplinaires dans lesquels elles s’insèrent sont, pour l’instant, « la trilogie du bien-être » (ciné-concert), « Azil » (concert-ciné), ainsi que « les agités du bocal » (lectures musicales).

Troisième petit point : des créations exclusivement musicales, qui n’appuient leurs désirs et leurs recherches que sur l’expression sonore. Il s’agit par exemple du duo formé par Guillaume Lavergne et Tristan Ikor, de la TAV (quintet avec ordinateur), d’un quatuor vocal formé et accompagné par Jamal Moqadem…

3. La vidéo
Des images qui parlent, montrent ou chantent, qui bougent et qui crient : quoi mieux que la vidéo pouvait rassembler trois petits points éparses dans une expression commune ?

La création vidéo au sein de « Trois petits points », c’est :

Premier petit point : une expression spécifiquement visuelle, autour de l’univers de Stéphane Hirlemann. Ce réalisateur, sincère mais sans sérieux, transmet son interprétation de notre rapport au monde et aux autres par des créations désabusées et rieuses, emplies à la fois d’ironie et de rage. La dérision permet à la profondeur d’être légère.

Deuxième petit point : une rencontre de pratiques, un échange créatif. Par la vidéo, réalisateur, comédien, musicien ou rédacteur peuvent tester ensemble l’expression artistique de différentes idées.

Troisième petit point : un mélange de techniques et de démarches. Des films, au sens traditionnel du terme (comme « la fête du slip »), côtoient ainsi des formules de ciné-concert (« la trilogie du bien-être ».) L’animation peut se mélanger à la vidéo (« Family Western »), comme le montage à la création musicale (« l’agape ».) Enfin, l’image peut se mettre au service d’un spectacle dépassant la seule expression visuelle : « Médée » ou « Les troyennes » utilisent la vidéo dans la mise en scène ; « Azil » est une tentative de vidjing réfléchi qui met au même niveau (et cherche à faire interagir) musique et vidéo.

4. L’édition
Ecrire trois petits points par des mots, et les laisser résonner entre les lignes. Du papier pour toucher l'image, vérifier le texte de ses mains palpé.

Ce qu'on appelle "édition" dans "Trois petits points", et qui joue naturellement avec toutes les autres parties du collectif, propose en fait:

Premier petit point: une expression de pouet. Des mots qui s'émancipent de leur sens, ou s'en rapproche comme jamais? De la musique par la parole, une écriture de soi immédiat.

Deuxième petit point: des réflexions couchées. Seul ou à plusieurs, dans un journal ou par un essai, proposer ses idées à partager et se réfléchir en train d'agir.

Troisième petit point: des créations graphiques. En accompagnant un texte ou se suffisant, des images qui appuient, contredisent ou s'émancipent; du visuel seul pour dire autrement.